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Le blogue émotionnel

Réfléchir pour mieux gérer ses émotions

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La puissance du recadrage:
Distinguer les faits des perceptions

Imaginez un instant : vous recevez un courriel laconique de votre supérieur qui dit simplement "Passez me voir dès que possible." Comment réagissez-vous ? Pour certains, c'est l'anxiété immédiate ("J'ai sûrement fait quelque chose de mal"), pour d'autres, c'est l'excitation ("Enfin la promotion tant attendue !"). Pourtant, le fait objectif reste le même : huit mots dans un courriel. Rien de plus, rien de moins.

Cette situation, apparemment banale, illustre parfaitement le défi auquel nous sommes tous confrontés quotidiennement : la distinction entre les faits objectifs et nos perceptions subjectives. Dans un monde professionnel de plus en plus complexe avec des relations interpersonnelles souvent tendues, cette capacité de discernement est devenue une compétence indispensable.

Retour aux bases

Un fait, c'est comme une photographie de la réalité : il capture ce qui est, sans filtre ni interprétation.

Prenons quelques exemples concrets :

• "Il est 9h05" - C'est un fait mesurable par une horloge
• "L'équipe compte 12 personnes" - C'est un fait vérifiable par un simple décompte
• "Le chiffre d'affaires a augmenté de 5% ce trimestre" - C'est un fait démontrable par les données financières

Ces éléments sont objectifs et indiscutables. Ils existent indépendamment de ce que nous en pensons ou ressentons. C'est notre point de départ, notre ancrage dans la réalité.

Le fascinant prisme des perceptions

Nos perceptions, elles, sont comme des lunettes colorées à travers lesquelles nous observons ces faits. Et chacun porte des lunettes différentes, teintées par :

• Notre histoire personnelle
• Notre éducation et notre culture
• Nos expériences professionnelles
• Nos croyances et nos valeurs
• Notre état émotionnel du moment

Par exemple : une réunion qui dure 45 minutes au lieu des 30 prévues. C'est un fait objectif. Maintenant, observons différentes perceptions possibles :

• Pour le dirigeant passionné par le sujet : "Une excellente discussion productive"
• Pour le gestionnaire pressé : "Un retard inacceptable dans mon agenda"
• Pour l'employé junior : "Une opportunité d'en apprendre davantage"
• Pour le comptable en fin de mois : "15 minutes de perdues pour la clôture"

Même fait, quatre perceptions radicalement différentes.

L'équation transformatrice : É + R = E, la clé du changement

J'aime particulièrement utiliser cette équation simple mais puissante : Événement + Réaction = Effet. Elle nous rappelle une vérité fondamentale : nous ne contrôlons pas tous les événements de notre vie, mais nous avons toujours le choix de notre réaction.

Illustrons cela avec un exemple courant :

Événement (fait) : Un collègue ne vous salue pas dans le corridor.

Réaction possible 1 : "Il m'ignore délibérément, c'est irrespectueux" → Effet : Tension, ressentiment, détérioration de la relation

Réaction possible 2 : "Il semble préoccupé aujourd'hui" → Effet : Empathie, opportunité de dialogue ultérieur

Réaction possible 3 : "Il était peut-être concentré sur autre chose" → Effet : Neutralité, maintien d'une relation professionnelle saine

L'impact crucial sur la communication et les relations professionnelles

Dans le monde professionnel moderne, la confusion entre faits et perceptions peut avoir des répercussions considérables. Prenons l'exemple d'une restructuration d'entreprise :

Fait : "Le département sera réorganisé en trois nouvelles équipes."

Perceptions possibles :
• Pour certains leaders : Une opportunité d'optimisation et d'innovation
• Pour les managers intermédiaires : Un défi de gestion du changement
• Pour certains employés : Une menace potentielle pour leur poste
• Pour d'autres : Une occasion de développement professionnel

Ces différentes interprétations peuvent créer des dynamiques complexes qu'il faut savoir gérer.

Les mécanismes cérébraux : comprendre pour mieux agir

Les neurosciences nous apprennent quelque chose de fascinant : notre cerveau traite d'abord l'information émotionnellement avant de l'analyser rationnellement. C'est comme si nous avions deux systèmes :

• Un système rapide, émotionnel (l'amygdale) : "Danger ! Opportunité ! Plaisir ! Menace !"
• Un système plus lent, rationnel (le cortex préfrontal) : "Analysons calmement la situation..."

Cette compréhension est cruciale car elle explique pourquoi nous réagissons parfois de manière excessive avant même d'avoir tous les faits.

De la théorie à l'action

1. L'observation consciente : le pouvoir de la pause

Développez ce que j'appelle "la pause stratégique" - ces quelques secondes précieuses entre un événement et votre réaction. Posez-vous simplement la question : "Quels sont les faits réels ici ?"

Exemple: Vous recevez un feedback critique sur un projet.

• Fait : "Le rapport contient trois erreurs de données"
• Perception à éviter : "Je suis incompétent"
• Approche constructive : "Voici une opportunité d'amélioration spécifique"

2. Le questionnement systématique : l'art de la remise en question

Créez votre propre liste de questions :
• "Quelles sont les preuves tangibles ?"
• "Qu'est-ce que je suppose sans vérifier ?"
• "Quelle autre interprétation serait possible ?"

3. L'exploration des perspectives multiples : élargir son horizon

Exercice pratique : Prenez une situation qui vous préoccupe et forcez-vous à identifier :
• La perspective d'un novice
• Celle d'un expert
• Celle d'un observateur neutre
• Celle de quelqu'un d'une autre culture

4. L'application concrète de É + R = E

Face à un événement challengeant :
1. Notez le fait brut
2. Listez 3 réactions possibles
3. Projetez les effets probables de chaque réaction
4. Choisissez consciemment votre réponse

Les bénéfices durables : au-delà de la théorie

La pratique régulière de cette approche transforme profondément notre façon d'interagir avec le monde :

Pour les leaders :
• Prise de décision plus éclairée
• Gestion plus efficace des conflits
• Communication plus impactante
• Création d'une culture d'entreprise plus saine

Pour les équipes :
• Moins de malentendus
• Plus de collaboration efficace
• Meilleure résolution de problèmes
• Environnement de travail plus serein

Pour chacun d'entre nous :
• Réduction du stress quotidien
• Relations plus harmonieuses
• Plus grande adaptabilité
• Meilleure maîtrise émotionnelle

Un superpouvoir accessible à tous

Cette capacité à distinguer les faits des perceptions n'est pas un don inné : c'est une compétence qui se cultive. Comme un muscle, elle se renforce avec la pratique. Chaque situation, même la plus banale, devient une opportunité d'entraînement.

Le véritable défi n'est pas dans la compréhension de ce concept - qui est somme toute assez simple - mais dans son application quotidienne. Commencez petit : observez vos réactions aux événements de tous les jours. Identifiez les faits bruts. Reconnaissez vos perceptions automatiques. Explorez d'autres perspectives.

Avec le temps et la pratique, vous développerez ce que j'aime appeler une "agilité perceptive" - cette capacité à naviguer avec souplesse entre les faits objectifs et les différentes interprétations possibles. C'est un véritable superpouvoir dans notre monde complexe et interconnecté.

La prochaine fois que vous vous surprendrez à réagir fortement à une situation, souvenez-vous : entre le fait et votre réaction, il existe un espace. Dans cet espace réside votre pouvoir de choisir. Et dans ce choix réside votre croissance et votre liberté.

N'est-ce pas là une perspective enthousiasmante ?

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https://brunobegin.com

Bruno Bégin, M.Éd.
Conférencier professionnel et formateur 

*Cet article vous a interpellé ? Partagez-le avec vos collègues et commencez dès aujourd'hui à observer la distinction entre faits et perceptions dans votre quotidien. Les résultats pourraient vous surprendre.*

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